SANTE DE LA FEMME

Syphilis : Elle peut affecter l’évolution de la grossesse

Summary

Parfois appelée « grande vérole », la syphilis est une infection bactérienne sexuellement transmissible qui commence par une lésion (un chancre) indolore siègeant souvent au niveau des organes génitaux, le rectum ou la bouche c’est-à-dire au point où au point […]

Parfois appelée « grande vérole », la syphilis est une infection bactérienne sexuellement transmissible qui commence par une lésion (un chancre) indolore siègeant souvent au niveau des organes génitaux, le rectum ou la bouche c’est-à-dire au point où au point où s’est fait l’inoculation. Quelles peuvent être les causes ? Comment elle se manifeste ? Comment la traiter ? Gynécologue obstétricienne au CMA de Sapone, Dr Paré Kyilow Myriam épouse KOUDOUGOU apporte des éléments de réponse.

Comment l’attrape-t-on?

La syphilis se transmet par des relations sexuelles vaginales , anales ou orales non protégées ou par la voie mère enfant (une femme enceinte testée positive à la syphilis peut la transmettre à son nouveau-né). Elle peut aussi se transmettre lors d’une transfusion par du sang non testé et contaminé.

Quelles peuvent être les causes?

La syphilis est causée par une bactérie qui est le Treponema pallidum.

Comment elle se manifeste ?

La syphilis évolue en phases succesives : l’incubation qui est une phase silencieuse s’étale entre la contamination et les premiers signes qui durent en moyenne 3 semaines et qui peuvent parfois atteindre 3 mois.

– La phase aiguë ou syphilis primaire dure en moyenne 1 à 2 mois et se caractérise par l’apparition d’un chancre au point d’inoculation là où le rapport a eu lieu. Ce chancre syphilitique se manifeste sous forme d’une ulcération unique, bien limitée, rosée, indolore à base indurée et laissant sourdre un liquide clair. Des adénopathies satellites (ganglions dures et indolores) sont observés dans la zone du chancre : elles sont unies ou bilatérales, dures, mobiles, indolores, de taille inégale avec toujours une plus volumineuse d’où l’appellation « préfet de l’aine » quand c’est au niveau inguinal.

– La phase de syphilis secondaire qui est une phase de dissémination et qui apparait entre 1 mois et 1 an après le rapport sexuel à risque. A ce stade nous avons de nombreuses lésions qui peuvent être contagieuses. Elles siègent au niveau cutané et au niveau des muqueuses (bouche, langue, vulve, gland, anus). Elles apparaissent sous forme :

. D’une première floraison : la roséole (petite macule rosèes, non inflitrées, non squameuses et non prurigineuses, fugaces, localisées au tronc et à la racine des membres) et les atteintes muqueuses caractérisent cette phase ;

. D’une deuxième floraison caractérisée par des lésions polymorphes et la syphilis est dite grande simulatrice. Clasiquement on y distingue:

.Des syphilides qui sont des lésions à disposition arciforme papulo-squameuses, polymorphes(différentes formes) indurées à la palpation, non prurigineux (ne grattent pas). Elles sont situées dans les régions périorificielles et palmo-plantaires.

D’autres manifestations à type d’atteintes phanériennes de manifestations générales dont la fièvre, les céphalées, les myalgies, les arthralgies, une poly adénopathie(nombreux ganglions) dont la localisation occipitale, des atteintes viscérales dont le foie, la rate, les reins et des méninges(méningite).

– La syphilis tertiaire qui survient en l’absence de traitement après quelques mois ou années silencieuses. On note des atteintes :

. Neurologiques : on parle de neuro-syphilis pouvant aboutir à une paralysie générale. On observe parfois des AVC ischémiques d’origine syphilitiques ;
. Cardiovasculaires : anévrisme ;
. Cutanéo muqueuses : gomme syphilitique, glossite scléreuse, leucoplasie;
. A type de troubles psychiatriques. Pendant cette phase le patient n’est plus contagieux.

– On parle de syphilis latente lorsqu’il n’y a pas de manifestation clinique malgré l’infection par le Treponème pale. Dans ce cas les réactions sérologiques sont positives. On distingue la syphilis latente précoce pendant la première année suivant la contamination et la syphilis latente tardive après la première année.

– La syphilis peut en outre affecter l’évolution de la grossesse en provoquant un avortement spontané, un accouchement prématuré, une mort fœtale in utéro. De plus la transmission materno fœtale grâce au passage transplacentaire est possible après le d 3ème mois est à l’origine de la syphilis congénitale.

On détermine 3 cas de figures :

– Syphilis congénitale fœtale : elle est à l’origine d’avortement tardif avec expulsion d’un fœtus macéré ou de mort né (avec atteinte rénale, hépatique et pulmonaire)

– Syphilis congénitale précoce : les lésions les plus frappantes sont cutanéo – muqueuses et osseuses

– Syphilis congénitale tardive : 75% des cas surviennent 2-3 ans après la naissance. Elle se caractérise par la triade de HUTCHINSON :Kératite,
Surdité, la dystrophie dentaire de HUTCHINSON

Comment se fait le diagnostic?

Le diagnostic est orienté par les données de l’examen clinique et confirmé par les résultats des examens biologiques. Dans notre contexte les tests qui sont disponibles pour faire le diagnostic sont le VDRL (réaction à antigène non tréponémique) et le TPHA (réaction d’hémagglutination passive). Le VDRL se positive 2 à 3 semaines après l’apparition du chancre. C’est un test non spécifique car pouvant revenir positif en présence d’autres maladies comme les hépatites virales, la tuberculose, la varicelle, la toxoplasmose, la mononucléose infectieuse…). Le TPHA est plus spécifique et plus précoce (se positive au 10 è jour du chancre).

– Interprétation du séro diagnostic

. Si VDRL – pas de syphilis ou
. TPHA – contamination très récente

. Si VDRL + syphilis récente ou ancienne
. TPHA +

Par ailleurs il existe dautres tests plus spécifiques qui sont :

– FTA test (Fluorescent Treponemal Antibody)
– TPI (détection des anticorps immobilisants) ou test de NELSON est la référence en terme de spécificité)
– Les tests ELISA ui détectent les anticorps contre le Treponem.

– Le diagnostic différentiel se fait avec le chancre mou, l’herpès génital, des dermatoses diverses (exemple le psoriasis) et la tréponématose non vénérienne : pinta, bejal, pian.

En ce concerne l’évolution, les syphilis primaire et secondaire traitées correctement guérissent sans séquelle.
Sans traitement l’évolution se fait:
– Dans un tiers des cas vers la guérison spontané
– Dans un autre tiers des cas vers les formes tertiaires et secondaires
– Dans un dernier tiers des cas vers une syphilis latente.

Comment se passe le traitement?

Le but du traitement est de neutraliser le germe et éviter les complications.
Nous avons des moyens :

– Préventifs : par le dépistage d’où le dépistage systématique lors des consultations prénatales, la surveillance par le examens sérologiques chaque 6 mois, la lutte contre les facteurs favorisant la transmission (rapport sexuels protégées).
– Curatifs
– Pénicilline
– Pénicilline retard : pénicilline G
– Benzyl benzathine pénicilline : EXTENCILLINE
– Bénethamine pénicilline BICLINOCILLINE.

En cas dintolrance à la pénicilline on peut utiliser :
– Macrolides : non indiqués en cas d’atteinte neurologique
– Cyclines : diffusent mal dans le LCR
– Céphalosporines

En indication :

– Syphilis primaire et secondaire et latente de moins de 1 an : Benzathine pénicilline 2,4 MUI IM en dose unique. Enfant : 50 000 / kg IM unique sans dépasser 2,4 MUI.
– Syphilis latente de plus d’un an et syphilis tertiaire : Benzyl benzathine pénicilline 2,4 MUI en IM par semaine pendant 3-4 semaines.
– Neuro syphilis : pénicilline G : 2 ,4 M UI / 4H en intraveineuse lente pendant au moins 10 jours
– Syphilis congénitale : pénicilline G 50 000 UI / kg en dose unique
– Sujet contact : benzyl benzathine pénicilline 50 000 UI / kg IM en 1 dose unique.

Au cours du traitement il peut apparaitre une intolérance à type de réaction de JARISCH HERX HEIMER : c’est une réaction apparaissant 1 à 2 h après le début du traitement, et faite de fièvre, frissons, céphalées, myalgies tachypnée, hypotension artérielle, aggravation des lésions. Elle est due à 1 décharge d’endotoxine et est traitée par un corticoïde (prédnisolone 0,5 mg/kg) au un anti-inflammatoire de type AINS.

Madina Belemviré 

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